La position de l'apex
Optica Centre d'art contemporain
2016, Montreal (QC)
(en)
The evolutionary adaptions of living organisms reveal a prolific capacity to ensure survival by fashioning vital forms from inert materials. With his sculptures and graphic creations, Philippe Caron Lefebvre has devised a vocabulary to transpose elements of these vital mechanisms. Exhibiting traits of bizarre and unspecifiable organic entities, the works evoke strange, unlocatable, albeit natural, environments. These outlandish creatures appear to inhabit a world that simultaneously points to a primeval origin and a far-off future. An ambiguity that is further conveyed in certain sculptures, which exert a fascinating attraction through their well-crafted textures, shapes and surfaces, while their sharp protrusions or globular orifices trigger a sense of impending threat. In crafting strange entities by drawing features from nature, the artist conjures up a world in which the familiar and unknown, the recognizable and unfathomable are juxtaposed eliciting both wonderment and disquiet. More specifically, in harnessing the remarkable inventiveness of biological adaption this approach draws on the mimicry strategies deployed by various organisms to maximize survival.
This concept of mimicry, though present throughout Caron Lefebvre’s work, is foregrounded in the current exhibition. Biological mimicry designates the operations whereby certain animals or plants use aesthetic and formal means to alter their appearance, behaviour or even scent in order to be perceived as something other than they are. In the exhibited works, mimicry is operative in a twofold manner. At first, through a transposition of visual, textural and behavioural characteristics derived through observations of plant and animal organisms; and second by mobilizing mimicry directly in the works through a crafty manipulation of materials aimed at producing an illusion of shared traits, mirrored appearances and reciprocal behaviours. It is thus not so much an imitating of nature, but a mimicking of nature’s mimicry that is at play here. In thus blurring the borders between natural dupery and anthropic artifice these singular works suggest more inventive ways to shape our role within the natural web, where things are not always quite what they seem to be.
Bernard Schutze
(fr)
Les adaptions évolutives des organismes vivants démontrent une féconde capacité d’assurer leur survie en fabriquant des formes vitales à partir de matériaux inertes. Dans ses sculptures et ses créations graphiques, Philippe Caron Lefebvre invente un vocabulaire qui lui permet de transposer certains des éléments de ces mécanismes vitaux. Affichant les particularités d’entités organiques bizarres et non identifiables, les œuvres évoquent des environnements étranges, insituables quoique naturels. Ces créatures saugrenues semblent habiter un monde qui dénote à la fois une origine primitive et un avenir lointain. Cette ambiguïté est accentuée dans certaines sculptures où s’exerce une fascination causée par les textures, les formes et les surfaces finement réalisées, tandis que leurs saillies acérées et leurs orifices globulaires suscitent une impression de menace imminente. En fabriquant des entités étranges inspirées de la nature, l’artiste fait naître un monde dans lequel sont juxtaposés le familier et l’inconnu, le recon- naissable et l’insondable, ce qui a pour effet de susciter à la fois l’émerveillement et l’inquiétude. Plus précisément, en exploitant la remar- quable inventivité de l’adaptation biologique, cette approche puise dans les stratégies de mimétisme déployées par divers organismes afin de maximiser leur survie.
Ce concept de mimétisme, bien qu’il soit présent dans toute l’œuvre de Caron Lefebvre, est mis en relief dans la présente exposition. Le mimétisme biologique désigne les opérations par lesquelles certains animaux ou végétaux utilisent des moyens esthétiques et formels pour changer leurs apparences, leurs comportements, voire leurs odeurs, afin d’être perçus autrement que pour ce qu’ils sont. Dans les œuvres exposées, le mimétisme se manifeste selon deux modes opérationnels. D’abord, par une transposi- tion de caractéristiques visuelles, de texture et de comportement obtenues par l’observation d’organismes végétaux et animaux ; puis en mobilisant le mimétisme directement dans les œuvres par le biais d’une fine manipula- tion des matériaux visant à produire l’illusion de traits communs, d’apparences reflétées et de comportements réciproques. Ce qui est en jeu ici n’est donc pas tant une imitation de la nature qu’un mimétisme de celui-là même de la nature. En estompant ainsi les limites entre leurre naturel et artifice anthropique, ces œuvres singulières suggèrent des manières plus inventives de façonner notre rôle dans le réseau naturel, où les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent.
Bernard Schutze